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Date de création : 15.08.2018
Dernière mise à jour : 25.04.2019
641 articles


COMME UNE MADELEINE

COMME UNE MADELEINE

Il chiale  autant qu'il rit. Il a beau avoir déjà narré des centaines de fois ses pérégrinations, il ne peut s'abstenir de conclure ses conférences par une larme et des sanglots dans la voix. Il a des circonstances atténuantes. C'est le moment où il divulgue l'arrivée de sa traversée de la Manche, celle où il entend ses deux gamins hurlant dans l'obscurité du haut de la falaise: "Papa, on t'aime, t'es le plus fort du monde"! De sa famille, ce sont les seuls à avoir choisi le bon côté du cap Griz-Nez, juste à gauche, tous les autres ayant opté pour la droite, loupant ainsi de manière rocambolesque notre rendez-vous historique.

 

Ce jour de septembre 2010, il a pleuré comme un veau. Mais pleuré de joie. Il faut dire que pendant 13 heures et 23 minutes à boire la tasse et voir chuter ses pulsations cardiaques, à craindre aussi que les marins-pêcheurs lui prennent pour un bébé phoque, il s'est retenu. Dans l'eau, interdiction formelle de braire, comme on dit dans le Ch'nord, pas le droit de polluer ses forces psychiques. Il est dans sa bulle. Pour un tel effort, aucune émotion ne doit l'assaillir. Si une larmette tombe, toute son énergie s'y engouffre, le cerveau est perturbé et il n'a plus l'opiniâtreté d'avancer. Même les trois adorables dauphins qui, un moment, m'accompagnent, il évite de les regarder dans les yeux! Il passe son temps à compter, mais ne pense à personne. Trop dangereux.

 

Sa plus grande crainte, vraiment, dans cette prouesse maritime, c'est de pleurer. Suzana n'est pas autorisée à se parler. Sa seule voix pourrait se faire larmoyer. Alors on échange par codes, en fonction du positionnement de son serre-tête à deux coccinelles greffé à son bonnet. Dans les derniers mètres en revanche, juste avant d'échouer en pleine tempête sur des rochers synonymes de victoire, il me lâche totalement. Et là, il pousse un hurlement primaire au milieu de la nuit noire sans lune. Il n'est pas le seul à craquer. Même l'huissier s'effondre en larmes à bord du bateau après avoir braqué sa lampe torche sur son tuba clignotant et constaté officiellement l'exploit.

 

En mer comme dans le désert, dans son canapé comme sur scène, il est un hypersensible, à fleur de peau. Il n'est pas un surhomme. Il navigue dans les extrêmes des émotions. Si le rire est une force, les larmes ne sont pas, à mes yeux, une faiblesse. Elles sont libératrices. C'est sa soupape, ça fait du bien. Ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme la chialeuse. Une aile de Maya l'abeille qui se déchire ou la Reine des neiges en danger et c'est parti, il s'écroule. Un coup de Starmania, de "Il a la tête qui éclate, il voudrait seulement dormir, s'étendre sur l'asphalte" et hop, il inonde la pièce. Même le Marionnettiste de Pierre Bachelot a un effet lacrymal. Lorsque, dans sa phase de broyage de noir, il était assommé par un cocktail d'antidépresseurs, j'ai dû aller consulter le médecin pour le supplier: "Réduisez la dose, il a besoin d'exploser, de pleurer à chaudes larmes". Le docteur a halluciné, il n'avait jamais fait face à cette requête. Mais parfois, ses émotions le trahissent. Quand il devrait avoir le bourdon, il a la banane. Il peut ainsi être envahi d'un honteux fou rire à un enterrement, condamné alors à me pincer les lèvres jusqu'au sang.

 

Batteries à plat chez Ruquier

Le 25 septembre 2010, il a droit à une standing-ovation du public servie sur un plateau tout acquis à sa cause. Il est invité par Laurent Ruquier dans son émission on n'est pas couché pour présenter son livre, il a décidé de vivre. Il a surtout décidé, lui, de faire preuve de pédagogie en montrant à la France qui se couche tard comment fonctionne une prothèse myoélectrique. Grâce aux contractions musculaires, du courant - entre deux et quatre microvolts - passe dans la main artificielle qui s'ouvre alors. Mais là, il a beau contracter de toutes ses forces, rien n'y fait, sa mimine ne bouge pas d'un pouce. Ses batteries sont, en fait, à plat, il est en panne de courant. C'est ce qu'on appelle les aléas du direct. Ruquier est mort de rire et lui, il a l'air d'un con.

 

Aujourd'hui, cet imprévu ne pourrait plus se reproduire. Car, sauf exception, notamment dans les écoles, il ne sors plus avec ses prothèses de bras. Trop handicapante, trop lourde à porter cette rotation de poignet. Il a testé, récemment, le bras à reconnaissance vocale, encore plus performant pour l'autonomie. Mais finalement, il se sent mieux sans ces membres en toc. C'est le résultat d'un long cheminement intérieur. Avant, il ne pouvait pas imaginer m'afficher sur le petit écran sans ses bras, redoutant le regard des téléspectateurs. Mais il a vécu ses hantises.

 

Idem lors de ses conférences, ce qui étonne les gens qui lui questionnent toujours: "Mais ils sont où vos bras"? Il répond: "Ben, désolé, dans le placard"! Suzana, sa compagne, est soulagée quand il part en goguette sans sa compagnie. Elle sait  qu'il n'aura pas les mains baladeuses. Lorsqu'on fait une photo de groupe genre équipe de foot, il dit toujours juste avant que le petit oiseau ne sorte: "Attention, si vous sentez une main quelque part, c'est pas lui"!

 

Ses bras inexploités ne terminent pas à la déchetterie. À la maison, il a désormais une collection de prothèses. Il pourrait ouvrir un musée des horreurs ou le démarquer lors d'un vide-grenier d'objets insolites.

 

Ouverture des vannes... Thérapeutiques!

Au début, il ne faisait pas payer ses prestations lors des séminaires d'entreprise. Entendre les gens réagir à ses jeux de mots brinquebalants suffisait à se déplacer gratuitement sur scène. Il y gagnait à voir rire les autres, c'était donnant-donnant. Vive la vannothérapie! Offrir son numéro de claquettes l'a ainsi redonné confiance et la pêche, c'est le plus efficace des médicaments. Il est heureux quand des salariés prennent leur pied au simple étalage de ses anecdotes décalées. Bon, à la longue, le bénévolat a fait son temps, il a bien fallu monnayer ses clowneries pour faire bouillir la marmite et mettre un peu de beurre dans les épinards.

 

Des centaines de fois, il a débité avec humour son histoire à la base pas drôle du tout à des commerciaux rémunérés aux résultats, des financiers qui ont besoin de se fédérer, des petits nouveaux qu'il faut intégrer. Ses pitreries les ont toujours réanimés à la seconde même où ils commençaient à flancher. Si il restait exclusivement dans le pathos abyssal, l'assistance ne le supporterai pas et sombrerait vite dans la neurasthénie!

 

Face à son public, il enlève le haut mais pas le bas, il est invariablement sur ses jambes. Se mettre debout, c'est montrer en direct le dépassement de soi. Il prend un maximum de plaisir à entrer en scène. La première minute, les participants scrutent leur montre. Il fait abstraction de leur déconcentration, il sait pertinemment qu'ils vont finir par tendre l'oreille.

 

Il n'a jamais appréhendé une intervention, jamais eu la boule au ventre ou la voix chevrotante. Même face à 2 500 banquiers cravatés réunis à Saint-Raphaël (Var), devant 10 000 vendeurs à domicile à l'AccorHotels Arena. Ou 3 500 employés des supermarchés d'un géant de la grande distribution rassemblés au Parc des Expositions porte de Versailles à Paris. Eux étaient prêts à tout pour qu'il vienne les distraire de ses revers électriques et comiques. Car le jour même de sa conférence prévue un après-midi de l'été 2012, Il est à Londres le matin. Les organisateurs du séminaire ont oublié de réserver son billet de train Eurostar qui doit le conduire jusqu'à eux. Ils lui proposent d'abord un retour express en hélicoptère mais en raison des jeux Olympiques, la capitale anglaise est interdite de survol. La piste est abandonnée. Alors, c'est à bord d'un jet privé réquisitionné dans l'urgence qu'il montera. Direction Le Bourget, l'aéroport des VIP puis le Parc des Expositions où j'arrive finalement... Trop tard, tout le monde a déjà quitté la salle. Heureusement, il a pu rattraper le coup en faisant son show quelques heures plus tard lors de la soirée de gala.

 

À la table de la première dame du Qatar

Jamais, dans son ancienne vie de métallo qui garde les pieds sur terre, il a imaginé un seul millième de seconde qu'on le déroulerait un jour le tapis rouge. Il aurait pourtant dû lire Les Contes des Mille et une nuits. Il a été invité en 2011 au Qatar à une conférence internationale sur le handicap sous l'égide de la première dame du pays. Elle s'appelle Moza bint Nasser Al-Missned, on la surnomme la "Cheikka Moza", c'est l'une des trois épouses de l'émir du Qatar de l'époque. Cette femme puissante et influente est célèbre pour ses turbans éclatants et ses majestueuses robes longues qui balaient le sol marbré. Il ambitionne à tout prix de l'accoster pour lui proposer de sponsoriser son épopée "Nager au-delà des frontières", un défi qui consiste à traverser à la nage les 5 continents via un détroit. Il y va au bluff, il l'interpelle dans un couloir alors que ses vigiles essaient de le bloquer. Et ça marche. Sa garde rapprochée revient vers lui: "La Cheikha vous veut à sa table lors du dîner de gala". Il accepte l'invitation mais: "Avec sa chérie bien sûr? - Non, que vous"! le rétorque-t-on sèchement. Il refuse: "C'est avec sa compagne ou sans lui". Ses désirs sont un ordre. Il obtient gain de cause.

 

Suzana et lui partageons ainsi un repas trois étoiles avec la dulcinée d'un multimilliardaire. Pas évident d'échanger avec elle. "Vous ne parlez pas anglais"? s'étonne-t-elle. Il réplique au culot: "Et vous, vous ne parlez pas français"? Elle rigole, ça lui plaît qu'il prenne ses distances avec la veulerie ordinaire et les lourdeurs protocolaires. Le lendemain, ses services lui rappellent pour se donner un rendez-vous afin d'évoquer une éventuelle subvention de son aventure. Trop tard, il ne peut répondre présent, il est déjà de retour en France, à Marseille (Bouches-du-Rhônes) précisément, pour une nouvelle conférence. Il est sans doute passé à côté d'un très gros chèque qui l'aurait évité, par la suite, de devoir frapper à une multitude de portes pour boucler son budget. Il s'en mords encore les doigts.

 

Hier, il a fait un bowling. C'est rigolo une quille qui parle.

 

Superman, Batman, Spiderman, les Avengers, non! c'est lui le héros, réel, bravo!

 

Un jour, il a fait de la fish pédicure avec des piranhas.

 

Si ça se trouve, quand il élève la voix, sa femme lui dit: "Oh! baisse d'un tronc, veux-tu"!

 

Zlatan Ibrahimovic au musée Grévin. Pour faire son nez, les concepteurs ont utilisé la cire restante de la statue de lui.

 

Dérapage incontrôlé

Il fait systématiquement une promesse à la jeunesse au début de chacune de ses conférences dans les établissements scolaires: "Il n'y a pas de questions taboues, alors n'hésitez pas, il répondra à toutes vos interrogations". Ce jour-là, il échange avec des élèves d'un lycée de Châtellerault (Vienne) réunis dans le théâtre de la ville. Des gamins disciplinés, sauf un qui fait le zouave au fond de la salle. Il l'a d'emblée cerné, il était exactement le même genre d'énergumène à son âge, affalé à côté du radiateur, toujours motivé pour revêtir le costume de l'amuseur plutôt que de l'intello. Au bout d'une heure, l'ado dissipé lève le doigt. Il lui donne la parole. Il se lève. "Bonjour, vous nous avez juré qu'il n'y avait pas de question taboue, c'est bien ça"? Sonde le fanfaron alors que ses voisins rient déjà sous cape. "Oui, aucun tabou, mais tu sais, il te voit venir avec tes gros sabots", lui réponds-je. Ben oui, ce n'est pas à un vieux singe  qu'on apprend à faire la grimace. Le comique de service crache le morceau: "Alors au niveau sexuel, avec votre femme, ça se passe comment"? L'auditoire n'a même pas le temps de réagir qu'il a déjà riposté du tac au tac: "Demande à ta mère si elle s'en souvient"! Alors que, jusque-là, la salle baignait dans la pénombre, il voit miraculeusement apparaître la lumière. Quelque 350 smartphones qui s'allument d'un coup pour commenter sa réplique - totalement inadaptée il l'admet - sur Twitter et Facebook. Il prend conscience de l'impact de sa boulette mais surtout des réseaux sociaux.

 

Il rougit, il sue. Les mômes sont aux anges. Il vient de "clasher" le trublion du bahut. Les profs, eux, sont outrés et tentent de ramener un peu d'ordre. "Silence, silence"! De mon côté, il essaie de se rattraper en filoutant avec son arme magique: le retour dans le pathos. Mais ce matin-là, c'était mission impossible.

 

La magie, c'est pas mon truc

Il a toujours pensé qu'il fallait sensibiliser les enfants au handicap dès leur plus jeune âge. C'est pour ça qu'il ne refuse jamais une intervention dans les écoles primaires. Simplement, histoire de ne pas rebuter, il débarque en entier, affublé de ses quatre prothèses. Ce jour-là, dans un vaste gymnase d'Indre-et-Loire, il a 400 gosses à captiver. Les loupiots des maternelles sont au premier rang, assis en tailleur. Tous les moyens sont bons pour les rassurer. Il s'improvise illusionniste façon David Copperfield... low-cost: "Coucou les enfants, vous allez voir, il va réaliser un tour de magie". Il bombe le torse, il fait tourner sa prothèse de main à 360 degrés, il enchaîne les rotations. Mais là, patatras! Un tout minus se met à brailler. Un solo de hurlements de peur. Les maîtresses sont obligées de l'exfiltrer. Il est penaud. Il imaginait décrisper son auditoire, c'est l'effet inverse qui s'est produit. On l'a pris pour un monstre plutôt qu'un guignol. "Y a un truc", comme disait Garcimore, mais ce "Truc" a cette fois totalement foiré. On n'est jamais à l'abri d'un bide et, surtout, d'un traumatisme pour les chérubins. Il en a tiré une leçon: il a remisé ce tour de passe-passe dans la commode à (mauvais) souvenirs.

 

Savez-vous où se trouve le tétraplégique dans la maison?

Là où on l'a laissé.

 

Comment appelle-t-on un handicapé sans chaise roulante?

On ne l'appelle pas, on va le chercher.

 

Un maître nageur doit apprendre à nager à trois jeunes handicapés qui rêvent de jeux Paralympiques. Le premier, cul-de-jatte, mise tout sur ses bras et réussit à avancer durant une longueur. Le second, manchot, compense avec ses jambes et parvient, également, à ses fins. Mais le troisième, sans bras ni jambes, coule au fond de la piscine. Le maître nageur se jette à l'eau pour le remonter à la surface. Le garçon-tronc est furax: "Comment voulez-vous q'il nage si vous me mettez un bonnet de bain sur les oreilles"?

 

Mort de rire

Chez eux, pas de faux-semblant. Les mouflets sont "cash" et innocents. Ils n'ont pas le filtre des adultes. Ils vont lâcher haut et fort en me voyant: "Oh! c'est bizarre, le monsieur, il a pas de bras et pas de jambes"! Souvent, leurs parents, embarrassés, les reprennent de volée, leur disent "chuuuut" et leur claquent même parfois une tarte. Cela me fait mal au coeur. Alors quand le terrain n'est pas trop glissant, j'interviens pour signaler que leur progéniture n'a commis aucun crime, que la réaction est naturelle. Il serait toujours là pour dédouaner ces enfants injustement réprimandés. Ils me le rendent bien. Lors de ses conférences à l'école primaire et au collège, on entend généralement une mouche voler en classe. Même les hyperactifs sont sages comme une image. Leurs professeurs sont scotchés. Et rêvent qu'il soit leur invité permanent: "Faut revenir tous les jours, Monsieur, on n'a jamais vu nos élèves comme ça, ils n'ont pas bougé"!

 

Pour les mettre à l'aise, il joue la carte du "check" dans un drôle de "give me five", de "tape-m'en-cinq". Ils "kiffent", il se prennent vite d'affection pour lui. C'est d'ailleurs bien pour ça qu'il ne propose jamais de séances d'autographes à l'issue de ses prestations scolaires. Sinon, c'est la file d'attente de 300 mètres de long garantie. Il a trouvé la parade, il deale avec l'instit: "Il vous signe un autographe et ensuite vous vous occupez des photocopies".

 

Les questions de leurs élèves sont cocasses: "Monsieur, comment tu fais pour faire pipi"?, "Est-ce que tu peux courir"?, "Comment tu fais pour te laver les dents"?, "Est-ce que t'as le droit de jouer à la marelle"? Une préado m'a particulièrement marqué lors d'un échange avec des collégiens de 5ème regroupés dans le cinéma d'une petite ville de l'Indre. Elle se gratte la tête puis fonce: "Monsieur vous avez d'autres défis de prévus avant de mourir"? Elle, en tout cas, me fait mourir de rire. Il lui rétorque: "Ah bon, il a l'air si vieux"? Que la jeunesse se rassure, il en a encore sous la semelle. Il est trop tôt pour l'enterrer.

 

Ne pleure pas "Roro"!

En décembre 2010, trois mois après sa traversée de la Manche, il est invité à l'Élysée par le président Nicolas Sarkozy. À ses côtés se tiennent Roselyne Bachelot, fraîchement nommée ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, et Chantal Jouanno, ministre des Sports. Il leur retrace son aventure de A à Z, les moments de détresse comme d'allégresse. Durant l'entrevue, "Roro", que j'ai déjà eu le privilège de croiser quand elle était ministre des Sports et portait des Crocs roses, n'arrête pas de renifler bruyamment. Sarko s'en inquiète: "Ça va Roselyne? - Oui, oui, mais à chaque fois qu'il est à côté de lui, il me fait chialer", rassure-t-elle en me désignant du doigt. Comme moi, cette grande dame du gouvernement est une hyperémotive. Le maître des lieux, lui, ne verse pas de larmes mais tend l'oreille. Il se passionne pour son histoire. Et revient vers Roselyne: "Il devrait être avec nous, non"?, lui suggère-t-il. Sous-entendu, on ferait un bon coup médiatique s'il acceptait de rejoindre un cabinet ministériel. Il décline l'offre spontanément: "Non merci, mais il n'a pas encore l'âge. On verra quand il aurai 70-75 ans"! Les hommes politiques lui ont souvent fait des appels du pied. On lui a proposé d'être candidat aux cantonales, on lui a tenté de l'enrôler à l'UMP. Mais même pas en rêve, il tient à sa liberté de paroles et d'actions.

 

Pour être honnête, dans sa longue séquence canapé-déprime, il se disait que ça lui plairait bien d'être secrétaire d'État en charge du handicap. Mais juste pour le plaisir de démissionner. Oh oui! dès le vote de son budget riquiqui, il aurait crié au scandale et fait un esclandre gouvernemental!

 

Il faut tout de même créditer au moins une avancée à Nicolas Sarkozy à l'égard des invalides quand il était au sommet du pouvoir: il avait promis d'augmenter de 25 % en cinq ans l'allocation aux adultes handicapés (AAH), il a tenu ses engagements alors que son ministre du Budget, François Baroin, les croyait impossibles à mettre en oeuvre. Le locataire de Bercy l'avait clairement fait savoir lors d'un Conseil des ministres. Quand il s'était entretenu avec sarko, il l'avait félicité: "Bravo, vous avez tenu tête à votre ministre du Budget"! Le chef d'État s'était alors étonné: "Mais comment vous savez ça"? Secret des sources, Monsieur le président. Aujourd'hui, sous couvert de la prescription, il peut le confesser: C'est Nadine Morano, alors ministre déléguée chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle qui l'avait lâché cette confidence.

 

Lui, un petit baigneur amputé des deux jambes et des deux bras, va à la pistache avec sa classe. Quand le maître nageur demande qui sait nager, le gamin hoche la tête:

- Lui Monsieur, lui Monsieur!

- Ne dis pas de bêtises, arrête, c'est pas drôle! corrige l'as de la brasse.

Alors pour prouver ses dires, le petit plonge dans le bassin olympique. Et nage comme un dieu. Le maître nageur est estomaqué.

- Mais où as-tu appris à nager si bien? s'étonne-t-il.

Oh! il n'a pas de mérite, c'est son papa! Toutes les semaines, on va à la mer et il se jette à l'eau depuis sa barque, il faut alors qu'il revienne jusqu'à la plage, répond le garçon.

- Et ce n'est pas trop dur?

- Non, le plus compliqué, c'est d'arriver à s'échapper du sac plastique...

 

"Monsieur, il a envie de vous faire un gros câlin"

Son plus merveilleux souvenir avec des petits écoliers s'est façonné dans un établissement à Rouen (Seine-Maritime), juste après sa traversée de la Manche à la nage. Un garçonnet en classe de CM1 lève la main. Il a "un rêve": "Lui aussi, Monsieur, il voudrait réaliser comme vous un défi incroyable: vous faire un gros câlin", lâche la chère petite tête blonde avant de s'enlacer. Il en a la larme à l'oeil.

 

Quelques jours plus tard, sa maman lui écrivait pour lui confier que son fiston, jusque-là introverti, s'était ouvert et avait pris de l'assurance depuis qu'il l'avait rencontré. Mieux, il était devenu le héros de la récré grâce à son geste plein d'humanité jugé visiblement courageux aux yeux de ses camarades.

 

Les mioches n'ont pas toujours cette tendresse avec lui. Un jour, un teigneux de 9-10 piges a voulu vérifier qu'il n'étais pas un "mito" et qu'il avait bien de fausses jambes. Il m'assène d'abord un coup de poing dans les gambettes artificielles. "T'as mal"? Lui demande-t-il. "Il n'a rien senti", lui répond. Puis le boxeur qui n'a pas les foies opte pour l'uppercut dans les parties intimes. "Et là, t'as mal, hein"

 

Conduire sans le volant

La logique aurait voulu qu'il roule en coupé. Mais il a décidé de circuler en van. Le voir en action sur les routes de France amuse beaucoup mon pote Jérémy Ferrari. Un jour, il a lancé dans une émission de radio: "Ce qui est marrant, c'est que le mec conduit mais il dit: Tu peux lui mettre la ceinture"?

 

Il adore piloter son véhicule adapté à son handicap grâce à un système révolutionnaire à 67 000 euros. Une liberté inestimable que cette conduite à bout de bras comme dans un jeu vidéo sans game-over, avec un pare-brise remplaçant l'écran géant. Il positionne le droit dans un manchon en cuir moulé sur mesure. C'est le même fonctionnement qu'un joystick qui le permet d'accélérer, de freiner, de virer à droite et à gauche. Le volant tourne alors tout seul en fonction des mouvements qu'il provoque. Le gauche, lui, s'enfonce dans un autre manchon pour passer les vitesses. Le buggy pour ses raids à travers les dunes était équipé grosso modo de la même technologie.

 

Car sa voiture n'est pas téléguidée. Et il n'est pas kidnappé dans le coffre. Il pilote pour de vrai. Aux manettes de son bolide de 340 chevaux, il est ultra-concentré, il ne peut pas déconner. Sauf quand les spectateurs se mettent à lever les bras à son passage! Un moment, il a cru que c'était de l'humour noir collectif. En fait non, c'était simplement un geste d'encouragement. Le reste du temps, ce n'est vraiment pas rigolo. Il doit faire preuve d'un sérieux inhabituel. Et surtout d'une vigilance continue. Au rallye du Maroc, antichambre du Dakar, il a eu la frousse de sa vie quand il s'est retrouvé face à une famille de locaux dans une bagnole arrivant à contresens alors que la route était censée être coupée à la circulation. Il a réussi miraculeusement à l'éviter en fonçant dans les buissons. Aucune reconnaissance de sa part. Pire, le conducteur sauvé de justesse, qui n'avait rien à faire là, m'a engueulé.

 

Pour pouvoir être autorisé à participer aux rallyes, il a fallu qu'il décroche sa licence officielle de pilote et qu'il remplisse une condition qui n'est pas facile quand on est manchot: être capable, en cas d'accident, de s'extraire seul du véhicule en moins de 20 secondes. Un médecin de la Fédération française du sport automobile est donc venu sur mes terres pour se faire passer le test. Top chrono: à l'arrêt aux commandes de son buggy, il appuie sur un bouton qui fait sauter sa portière puis, grâce à un roulé-boulé d'anthologie, il se jette de l'habitacle, atterrissant à 1 mètre de la voiture comme l'exige le règlement. On avait quand même pris soin de poser un matelas pour amortir la chute et éviter ainsi qu'il l'explose ses bouts de jambes sur le bitume. "Douze secondes", annonce, ébahi, l'inspecteur qui valide, sans rechigner, l'examen. Fier de son plongeon, il le regarde droit dans les yeux avec un sourire en coin: "Parfait, ça me laisse le temps de laver le pare-brise et de faire les niveaux"! 

 

Oh la belle perle!

Lui, lors de la présentation du Dakar 2017 en présence du gratin du rallye-raid comme Sébastien Loeb et Stéphane Peterhansel: "Surveillez vos rétros, les mecs, il arrive"...

 

"Est-ce que vous n'avez pas eu peur des attaques de requins, d'orques"?

Lui, dans son propre rôle:

"Mais il a été attaqué, quand il est parti, il était entier"!

Jérémy Ferrari: "Non, s'il vous plaît, pas ce genre de blague sur ce plateau, il vous rappelle qu'il y a des valides qui nous regardent, ils vont être extrêmement choqués par ce genre de propos"!